Que faisons-nous lors des séances en cabinet avec l’hypnose ? Et comment se fait-il que l’hypnose aide à la créativité ?
Je vais répondre à ces deux questions passionnantes.
Vous voyez, quand on arrive dans une séance d’hypnose, on ne se doute pas que nous allons aussi rapidement dialoguer avec des parties de nous qui nous sont, parfois, bien étrangères.
C’est ce qui pourrait faire peur au départ. C’est la question que l’on se pose :
Qu’est-ce qui vit en moi et qui s’exprime, comme ça, librement et sans me demander mon avis ?
Car dans la séance d’hypnose, une partie de nous peut prendre le contrôle d’un bras, d’une main et faire un signe pour le oui, un signe pour le non. (On appelle cela le signaling, mais j’y reviendrai.)
Ce n’est pas tout à fait juste, d’ailleurs, de dire « sans me demander mon avis ! » car si vous êtes en séance d’hypnose c’est que vous avez volontairement laissé la parole à cette partie de vous-même. (C’est d’ailleurs la première action thérapeutique forte qui va vous mener vers le mieux-être.)
C’est plutôt hors séance d’hypnothérapie que cette partie (que l’on dit inconsciente) peut vous mener la vie dure : elle peut vous faire faire des choses que vous ne voulez pas faire (troubles alimentaires, agoraphobie, oublis répétés…), elle peut vous empêcher de dormir, elle peut vous faire mal (douleurs chroniques, etc.), elle peut vous ralentir, altérer votre compréhension, éteindre vos talents… Et tant de choses qui vous arrêtent...
Avec l’hypnose et en écoutant ces parties inconscientes, en leur donnant véritablement la parole, nous pouvons mieux comprendre quelles sont leurs intentions et d’où viennent ces intentions dans votre chemin de vie. On considère que ces intentions sont positives, même si parfois elles nous font mal ou nous détruisent. Elles sont positives parce que POUR la partie inconsciente, qui s’exprime souvent par symbole, elle est positive de son point de vue… symbolique.
Alors quand je dis qu’une partie inconsciente peut prendre le contrôle d’un bras, c’est parce que l’hypnose, c’est la dissociation. On va volontairement se dissocier. Et on va APPRENDRE à le faire. Cet apprentissage est nécessaire. Il va conduire à bien des surprises et des découvertes de soi. Se dissocier, c’est pour que le conscient et l’inconscient se rencontrent. Comme le disait Jung, c’est la rencontre entre les deux qui crée le processus de mieux-être.
Un des moments que j’aime le plus dans ma vie d’hypnothérapeute, c’est quand je pose une question à mon client, et que la personne répond :
« non, non je ne crois pas »
et qu’en même temps la partie inconsciente qui est dans le bras répond par le signe
"OUI !"
Le signaling : c’est quand la partie inconsciente peut répondre par « oui », « non » ou « je ne sais pas » avec trois mouvements différents. Les mouvements de la partie inconsciente, on appelle ça : les mouvements idéomoteurs.
Quand on est avec des artistes, c’est souvent encore plus drôle et extraordinaire. J’ai reçu des danseurs de l’Opéra Garnier qui bougeaient le corps dans tous les sens, et dont l’esprit conscient (habitué au contrôle et à une esthétique particulière) me disait :
« Eh bien ! Vous savez, ce n’est pas comme ça que je danse d’habitude, là c’est vraiment différent ! » Et je répondais : c’est comme ça que votre inconscient a envie de danser, visiblement !
Un autre exemple formidable, ma cliente Marie (le prénom est modifié) est pianiste. Les mouvements des doigts et des bras étaient très fluides. Elle savait bien se mettre en état de transe, dans cet état de dissociation grâce à ce que nous apprenons ensemble : l’auto-hypnose. Marie s’est mise à composer avec son inconscient.
Elle se mettait au piano, se mettait en transe, les bras et les doigts bougeaient jusqu’à se poser sur le clavier et à improviser des accords.
Marie me disait :
« Je n’ai jamais joué comme ça, ce n’était pas mon style de musique. En même temps, je découvre quelque chose que je ne connaissais pas. Et finalement, j’aime bien. Cela ouvre complètement mon champ de connaissance de la musique. »
Et je trouve cela beau de penser à ces accords. Car c’est exactement l’endroit thérapeutique que l’on cherche : être en accord avec les voix de son inconscient.
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