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Les HPI sont-ils plus sensibles à la dépression que les personnes neurotypiques ?



Deux articles scientifiques avec deux résultats très différents : je vous propose de les regarder en détail et, en complément, de vous dire ce que, en cabinet, j’ai pu personnellement constater.


Le premier article, paru en 2022, « High intelligence is not associated with a greater propensity for mental health disorders », explique qu’il n’y a aucune corrélation entre des personnes très intelligentes et les troubles de santé mentale, quels qu’ils soient. En tous cas, pas plus que la population moyenne. Une intelligence élevée est même associée à une moindre probabilité d'anxiété générale et de syndrome de stress post-traumatique (TSPT) !


Voir l'article sur ce lien.

Le deuxième article, paru en 2020, « Anxiety disorders in children with high intellectual potential. », montre que les enfants à haut potentiel intellectuel (HPI) présentent une prévalence de troubles anxieux plus élevée que les enfants sans HPI, selon un diagnostic psychiatrique sérieux de cette population.


Voir l'article sur ce lien.

Qui croire ?

Eh bien, de mon expérience en cabinet, j’ai très envie de vous dire les deux, mon général !


Pourquoi ?

Ce n’est que mon point de vue, ce n’est pas une théorie scientifique même si le nombre de personnes que j’ai eu la chance de rencontrer est élevé, cela reste une observation seulement.


Alors voici ce que je remarque. Les HPI se débrouillent plutôt bien avec la dépression. Ils vivent avec.


Il faut dire qu’ils et elles vivent depuis leur enfance avec l’anxiété, le décalage, la peur de ne pas être à la hauteur, la volonté de faire comme les autres, et de ne surtout pas se démarquer, l’angoisse et l’hypersensibilité enfonçant le clou. Pour celles et ceux qui sont sujets à la dépression (toutes et tous les HPI ne sont pas sujets à la dépression), ils et elles s’en servent de manière assez habile comme levier de la créativité (d’autres sources scientifiques en parlent, vous les trouverez dans mes articles précédents où je cite en exemple Blaise Pascal). 


Les enfants HPI créent, vivent, s’adaptent et deviennent adultes. Adultes, cela signifie, bien souvent pour des HPI, des professionnels de la méthode «caméléon». La dépression, si elle est là, devient le plus souvent indétectable de prime abord. Pourtant, la personne est ralentie, lourde psychiquement, elle a l’impression de ne pas être au mieux de sa forme intellectuelle et de son potentiel. Parfois même, elle accumule des symptômes psychiques et physiologiques que la médecine ne parvient pas toujours à en comprendre l’origine (douleurs psychocroniques, migraines, troubles du sommeil, problèmes de peau…). 


Il faut donc fouiller, creuser, questionner pour que la dépression se démasque enfin et que la personne même finisse par accepter sa présence. Souvent, c’est l’histoire de vie de la personne qui la met au pied du mur et qui l’oblige à regarder, à observer, et à découvrir les nombreux (et si merveilleux !) angles morts que nous réserve toute introspection efficace.

Alors, comme je le comprends dans l’article sur les enfants HPI, on pourrait dire que la dépression chez les enfants se cache moins, elle est donc plus visible, les enfants (heureusement, dirais-je) sont moins habiles à cacher l’anxiété, les états d’angoisse et de déprime. Plus on avance dans le temps dans le parcours de vie de la personne, plus la dépression se fait une compagne attentive, une ombre cachée dans l’ombre, et se glisse dans les recoins inconscients (mais si actifs) de la psyché. 


Elle est là, elle agit et les personnes HPI œuvrent tant bien que mal pour vivre avec. Ils et elles ne la voient pas, elle est comme une angoisse de plus, une différence de plus à masquer, une « hypersensibilité » de plus à gérer, etc.

Ce déni de la dépression est un des grands dénominateurs communs aux HPI que j’ai pu remarquer lors de mes séances en cabinet.


Un article fort intéressant (un autre) en parle : 

l'article "Relationships between Depression and High Intellectual Potential" de Catherine Weismann-Arcache et Sylvie Tordjman (2012) aborde le concept du déni de la dépression, en particulier dans le contexte des personnes ayant un haut potentiel intellectuel (HPI). 

Ce déni peut être lié à plusieurs facteurs, notamment des attentes élevées, de la pression sociale, et de la difficulté à reconnaître ou à accepter la dépression en raison d'un sentiment de fierté ou d'indépendance. Le document souligne l'importance de reconnaître et d'adresser la dépression chez les individus HPI pour favoriser leur bien-être émotionnel et mental.



J’aimerais préciser une chose encore :


Dans l’article pré-cité sur les enfants (celui dont on parle depuis le début, vous suivez, hein ? oui ?) il est noté qu’un potentiel verbal élevé (VCI ≥ 130) peut être un facteur de vulnérabilité à l'anxiété, tandis qu'un raisonnement perceptuel élevé (PRI ≥ 130) peut être un facteur de protection de l’anxiété.


Chez les créatifs, il y a deux grands ensembles :


1 / Ceux qui sont dans le raisonnement perceptuel : 


Cela implique la capacité à percevoir et à manipuler des informations visuelles et spatiales, ce qui est crucial, par exemple, dans les arts visuels, l'architecture, le design, et même dans des domaines scientifiques comme la chimie ou la physique. Nous sommes vraiment dans la capacité à visualiser des concepts et à les manipuler mentalement, ce qui est un aspect clé de la pensée créative. Le raisonnement perceptuel favorise donc la création en permettant aux individus de voir les choses sous de nouveaux angles, de reconnaître des modèles uniques, et de construire mentalement des solutions originales.


2 / Et ceux qui sont dans le potentiel verbal : 


Le potentiel verbal joue également un rôle important dans la créativité, notamment dans des domaines comme l'écriture, la poésie, le théâtre, et d'autres formes d'expression artistique basées sur le langage. Une forte capacité verbale peut aider à exprimer des idées complexes, à jouer avec les mots pour créer de nouvelles significations, et à communiquer des concepts de manière innovante et créative.


Cela confirme ce que je peux voir dans ma pratique : les créatifs HPI, artistes et autres, qui sont plus dans le langage que dans le raisonnement perceptuel, sont plus sujets à la dépression et à l’anxiété. 

Ils sont aussi, je dois le dire, très forts pour se le cacher ;) - et jouer avec elle dans le travail d’écriture et de création…

… jusqu’à un certain point, évidemment !

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